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Herria atzo

Xiru 2025
Trois panneaux sur le Chemin des Rois entre Libarrenx et Gotein
1 Orenoque itsasontzia
Les deux photos du navire l’Orénoque nous ont été fournies à titre gracieux  par l’association Ardi Photographies de Caen.  Elles proviennent du fonds Berjot-Cluzet et les tirages ont été réalisés  d’après plaques de verre au gélatine-bromure d’argent. 

Entre 1849 et 1912, plus de 150 habitant(e)s de Gotein-Libarrenx ont émigré vers les Amériques, dont les 3/4 vers l’ Argentine, et les autres vers l’Uruguay, La Havane, ou l’ Amérique du Nord. Le navire l’Orénoque a transporté des villageois(e)s en 1885.

Il y avait parmi eux des couples avec leurs enfants, et surtout beaucoup de jeunes gens. Des fils et des filles de métayers, de cultivateurs propriétaires, de meuniers,  de vignerons, d’artisans  tisserands ou charpentiers,  et vers la fin de la vague des familles sandalières d’origines navarraise ou aragonaise. Parfois un membre de la famille partait , puis les autres le rejoignaient à tour de rôle. Beaucoup de jeunes hommes ont émigré avant leurs vingt ans, certainement afin de se soustraire à la loi de recrutement de l’armée.

La liste qui suit a été construite à partir des registres d’agents d’émigration (registres de Guillaume Apheça sur le site de l’Institut culturel Basque et registres Vigné sur le site d’Ikerzaleak) ; de registres du Consulat de France à Buenos Aires sur le site de l’association Gen Francesa ; de registres militaires ou tirages pour l’armée, d’actes notariés ou d’état civil  sur le site des archives 64 ; d’actes des registres d’État civil de la Mairie de Gotein-Libarrenx ;  de renseignements tirés du livre « Los Vascos en la Argentina » de la Fondation Vasco argentina Juan de Garay et de "Histoire de la commune de Gotein-Libarrenx" de Philippe Allard ; ou encore d’histoires de famille publiées sur le site de l’association Euskal Argentina de Saint-Palais).  Toutes les personnes parties du village ne figurent certainement pas sur cette liste.  

Les personnes ou familles  sont classées par destination et par ordre alphabétique .                                  
Entre parenthèses figurent leur année de naissance et l’année du départ. 

BUENOS AIRES – ARGENTINE (126 personnes)
ANTONI Jose (1855 - 1912), Felix (1891- 1909), Dolores (1894 - 1912), Barba (1895 – 1912)  - ARROQUIET Graciane ( ? - 1868) - BEHEREBORDE Marie ( ?- 1868) -  BEHETY Jean (1871 – avant 1888) - BENTABERRY Catherine (? - 1888 ) - BERHOUET Ana ( ? - ?), Jean –Pierre (1817 - 1867 ) -  BIDART Marianne ( ? - 1881) - BIDUZ Marianne ( ? - 1881) - CARLOSENA Jean (1861 - 1912) avec sa femme Marie Therese (1859 - 1912) et leurs enfants  Frederic (1894 - 1912), Therese (1896 - 1912), Claude  (1898 - 1912), Henri (1901 - 1912), Michel (1904 - 1912) - CARRESTON Jean (1821 - 1851) - CARRIQUIRY Pierre (1866 - ?) - CAUTERE Jean (1840 - ?) et Louis (1845 - ?) - CHARO Gregoire (1848 – ?) et Dominique (1866  - 1879 et 81) - CLAVERIE Joseph (1875 – avant 1895), Pierre (1877 – avant 1897), Mariano (1880 – avant 1900), Roch (1882 – avant 1902), Raymond (1891 - 1909) - COLOMBET Laurent (1849 – avant 1869) - DEDIEU Jean (1819 - 1874), Arnaud (mineur – 1862) - DESTAIN Jean ( ? - avant 1843) - DESTINS Jean  (1854 ou 1855 - 1874) -  ELICHAGARAY Marianne (env 1849 - 1876) - ELICHONDO Pierre (1839 - ?), Jean- Pierre (1845- ?), Arnaud (1848- ?), Pierre (1852- ?) - ESPIL Pierre ( ? - 1883) - ETCHEBERRY Marguerite (1831 - 1851), St Jean ( ? - 1868), St Pierre ( ? - 1868) - ETCHECO(PAR?) Martin (1826 - 1851) - ETCHECOPAR Laurent (1811 - ?), Bertrand (1848 - ?), François (1855 – avant 1875), Jean-Baptiste (1865 - 1881), Pierre ( ? - 1882) -   ETCHECOPAR RECALT Pierre (1853 - ?) -  ETCHEGOYEN Pierre (1833- ? ), Jean (1841- ? ) - ETCHEPARE Jean (1852 - ?), Laurent  (1855 – avant 1875)  -  ETCHEVERRIGARAY Marguerite (1865 - 1888), Jean ( ? - ? ) - ETECHEGARAY Marianne ( ? - 1877 et 1879) - FAYANAZ Catalina (1890 - 1909) - GARAT  Pierre (1848 - 1868), Jean Pierre (1860 - 1878) autre Pierre (1875 - 1889) - GARICOÏTS Bernard (1804- ? ),  Julien (1832 – av 1852) - GOYHEIX  ou Goinheix Raymond (1852 ou 53 - ?) - GUERRESSIAGUE Simon (1858- ? ) - GUILLENTO Joseph (1819 - 1851) - IRATCABAL Jean (1850 - ?) - IRIGARAY  Pierre (1855 – avant 1875), Jean Pierre (? - 1881), Simon (1874 - 1885) -  IRIGOYHEMPE Martin (1854 - 1876) - IRIGOYHEN Elisabeth ( ? -1875) - ITHURRALT Marie ( ? - 1861) -  JAUREGUYCAHAR Arnaud (1850 - ?), Pierre ( ? - 1881 et 1882), JOREGUYCAHAR Pierre (? - 1880) – JOREGUIBERRY (Jaureguiberry)  Pierre ( ? - 1879) - ,  JEAN DE DIEU Marianne (1860 – 1884) - LAGUINGE Nicolas (1841 – environ 1860), Laurent (1846 - ? ), Jean  (env 1850 -1867), Etienne (1851 - 1877),  Jean- Pierre ( ? - 1885), Marianne (? - 1874) -  LORENZO ?(1881 ou 82 – 1884 ), Marie ( ? – 1884 ), Sans  (?– 1884  ) - LUCUIX Brigitte ( ? -1877)-  MAYO Jose ( ? - 1880) - MIRANDEBORDE Andreau (1848 - 1874), et son frère  Pierre (1850 – 1880) -  ORDUNA Catherine (? -1881) -  PARAGE Alexis (? - 1876 et 1879), Claire ( ? - 1874), Jean ( ? - 1880), Marianne ( ? - 1883) - PEIGE Marguerite (1840 - 1868), Jean (1854 - 1872), Guillaume (1857 - 1874), Madeleine ( ? - 1884)- PEILLEN Jean (1868 -1885) - PETRIQ / PETRIZ  Pierre (1873 -1887) - PETRIZ Louis (1868 – avant 1888),  Pierre (1875 – avant 1895) - PLUCHE Jean (1839- ? ) - POMARES Jean –Pierre (env 1831 - 1867), sa femme ETCHEPARE Marie (1825- 1867 ), leurs fils Jean (1851- 1867), Jean  (1853 ou 55- 1867) -  PUCHULU Jean Batiste (1849 - 1867) –  SABOZ Guillaume (1834 ? - 1884) - SALLABERRY Pierre  (1826 ou 28 – ?), autre Pierre (1832 - avant 1852) - SALLES Jean – Baptiste (1894 - 1921) -  SORTHIRY / SORTHEIX Gratien (1841 - ?) - SUHURT Jean dit Gracien (1828 -1862) , sa femme LISSAT  Marie (1827 - 1867), leurs enfants Martin (1855- 1867 ), Marie Anne (1856 - 1867), Engrace (1858 - 1867), Philippe (1860 ou 1861 - 1867) - TARTACHU Raymond (1855 – avant 1875) - THARTACHU Jean ( ? - ?) - TOUSTAU Dominique (1872 - 1889) -  URRUTY Etienne (1826 - ?), Pierre (1853 ou 54 - ? )

MONTEVIDEO – URUGUAY (14 personnes)
BEHETY Jean (1854 – avant 1874) - BENTABERRY  Marianne (1835 – avant 1866) et Marie ( ? - avant 1866) -  CARLOSENA Marie (1890 – 1909) et son frère Jean (1891 – 1909) - ETCHECOPAR Guillaume (1852 – avant 1872) - ETCHEGOREN Jacques (1831 – avant 1851) - IRIGOYENBORDE Joseph dit Chaussette (env 1816 – avant 1868 )   - JEAN DE DIEU Arnaud (1857) , sa femme  CHOUNE Marie (1864 ) , leurs enfants  Jeanne (1885) , et Engrace (1887) (famille partie en 1888 ou 1890 ) -  IRIGOYENBORDE Guillaume (1832 – avant 1852) -  OYHANART Eugene (1839 - 1851) -

LA HAVANE – Île de CUBA (9 personnes)
BIDABE Jean Pierre (1830 - 1849) – ETCHECOPAR Rose ( 1853), Anne (1854),  Marie (1856) , Marianne (1858) , Jean (1860) , Arnaud (1864),  (frères et sœurs partis pour La Havane avant 1881) -  RECALT Paul (1857 -avant 1893) et son frère Arnaud (1862 -avant 1893) - 

AUX AMERIQUES (pays non nommé – 9 personnes)
 ETCHEVERRY Emile (1878 – avant 1898) - GRACIA Pierre (1881 – avant 1901) - JAUREGUY Felix François (1880 – avant 1900), François Martin (1882 – avant 1902) - LAURENT Michel (1876 – avant 1896) - LOPEZ Miguel (1882 – avant 1902) - SANS Jean (1881 – avant 1901) - VINCENTY Pierre (1875 – avant 1895) - MIRANDEBORDE Pierre (1881 – avant 1901)


2 Zantxo Azkarra pastorala
3 Herritarren oldartzea 1631ko urtean
Voici la retranscription du texte complet parue dans un article de Louis Batcave " Les décimes ecclésiastiques en Béarn , 1605-1690 ” , dans le "Bulletin de la société des Sciences, Lettres et Arts de Pau” de 1903. (« Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ).







Présentation le jour de Xiru par Joël Larroque  
d’après Etudes historiques et religieuses du diocèse de Bayonne de l’abbé Pierre Haristoy (1833-1901) en 1900

Nous voici venant de Libarrenx jusqu’à Gotein, à l’aboutissement d’Errege Bidia, le chemin du roi, nom donné depuis le Moyen-Age à cette route que 2 rois seulement ont pu parcourir, Edouard I d’Angleterre en 1287 et Henri IV au XVIème siècle. Mais si cette route sinueuse, au dessus de notre actuelle RD, est dite du roi ou des rois, c’est tout simplement parce que, avant la construction de notre actuelle route départementale de Mauléon à Tardets par Gotein-Libarrenx que nos voitures empruntent depuis le XXème siècle, c’était l’équivalent, comme nos actuelles routes nationales, de la voie de communication principale, reliant ainsi Libarrenx, d’où l’on est parti, à Gotein, voie fréquentée par les hommes à pied ou à cheval, les charrettes comme les troupeaux. 

Nous arrivons ici à l’entrée du village, protégée par le château Jaureguy ou La Salle devenu par mariage vers 1460 d’Arbide (comme Libarrenx avait son château de Jauréguiberry devenu d’Etchecopar devant son église), château dont l’entrée nous est cachée par l’église St-André de Gotein que nous apercevons ici et les premières fermes tout autour, avant d’arriver à la place centrale du village avec sa croix. 
Essayons de nous imaginer cet endroit 400 ans auparavant, lors d’une année 1631 qui va laisser en Soule un souvenir des plus agités : A l’entrée de la commune, qu’on appelait alors paroisse, on pouvait trouver, entre les fermes, des auberges comme l’une appartenant à une famille Grison (un nom disparu aujourd’hui de Gotein pour être parti sur Tardets). Les vieux Gotinois d’aujourd’hui se rappellent plutôt de l’auberge « Hamispidéa », le seul bistrot de Gotein, un peu plus bas, où l’on se rencontrait pour discuter de choses et d’autres, pour chanter et jouer au cartes, les sœurs Elichondo servaient tous les clients avec leur gentillesse habituelle, le père Elichondo était cuisinier et faisait restaurant pour ceux qui passaient par là. 

C’était la même chose, ici, dans l’auberge des Grison père et fils et les conversations d’alors devaient tourner, vers 1630, sur la guerre franco-espagnole de Trente Ans sous le roi Louis XIII. Celui-ci se trouvait de plus en plus endetté, il se préparait à vendre son domaine royal, ce qui intéressait, en ce début XVIIème siècle, des extérieurs, des bourgeois béarnais enrichis rêvant de s’attribuer une certaine noblesse comme, par exemple, les Peyrer d’Oloron d’où sera issu le futur comte de Tréville, capitaine des célèbres mousquetaires du roi que Dumas allait rendre connus par son roman du XIXème siècle. 

Au XVIIème siècle, nos paysans souletins, etxeko-jaunak, maîtres de leurs maisons comme de leurs terres et ayant le droit, comme tous nobles, de porter leurs armes, leurs makilas, sentaient venir des menaces de la part de gratte-papiers royaux comme des quelques commerçants et bourgeois autour du marché de Mauléon, les puissants nouveaux-venus dont certains étaient gascons ou protestants dans un pays profondément attaché à la religion catholique et à la langue basque comme il l’avait montré au XVIème siècle d’il y a quelques 70 ans seulement. Les Souletins étaient attachés à leurs seigneurs locaux dont les cadets étaient souvent prêtres, comme ici, pour le château d’Arbide, deux frères, l’un curé de Gotein et l’autre curé de Chéraute. A Mauléon, le cadet du propriétaire, Arnaud II de Maytie, évêque d’Oloron de 1622 à 1646, résidait dans le château de Maytie avec un neveu chanoine de la cathédrale, prénommé et nommé aussi Arnaud de Maytie.

Et si nous n’étions pas encore à l’époque des réseaux sociaux et de nos smartphones, les habitants apprenaient très vite les nouvelles, parfois même les rumeurs contradictoires pouvant enflammer les passions et colères. C’est alors qu’en novembre 1631, arrive de Mauléon la nouvelle d’un prochain passage, non pas du Père Jeannot Etcheto apheza si apprécié, mais plutôt d’un per-cepteur bien différent, un nommé Daucery venant percevoir en Soule l’impôt des  décimes (du latin decimus, « dixième », à ne pas confondre avec les dîmes réservées au clergé),  une taxe perçue exceptionnellement par le roi sur les revenus du clergé. Et ceux qui viennent le percevoir sont nombreux, puisqu’avec Daucery, il y a un commis royal à la Rochelle nommé Passart, huissier, un Claude Jussière de la sénéchaussée de Bigorre, Gentin Monteacq, Urie Dormoy et Jehan de Campagne, 6 personnes avec leurs chevaux et laquais que les propriétaires du château de Maytie ont du recevoir, nourrir et loger un jour du 9 novembre 1631, avant que le lendemain, après messe en l’église paroissiale de St-Jean de Berraute, ce convoi des plus remarquables vienne faire perception à Gotein, un convoi très matinal puisqu’il arrive vers 6-7 heures du matin.

Mais plus matinaux qu’eux et surement dès la veille ici, le curé Arnaud d’Arbide, grand vicaire général de l’évêque de Maytie, bien qu’alors quelque peu malade (il a « la teste grosse », quelle est cette maladie ?), n’entend pas se faire percevoir. Puisqu’il ne peut physiquement lui-même, il envoie son laquais informer son frère curé de Chéraute qu’ « il s’en faut deffendre », lequel va très vite ameuter les habitants de Gotein avec les aubergistes Grison. 
Ils sont armés d’arquebuses sans crosses très anciennes mais aussi de quelques « fusils,…espieux, bastons à deux bouts (c’est-à dire de makilas), de fourches de fer, d’autres tenant quantités de pierres dans leurs chapeaux, conduits et commandés par le recteur dudit Chéraute ». Le narrateur déclare même que les taverniers de Gotein, Pierre de Grison et son fils, les accusèrent de porter la peste et les menacèrent de mort en ces mots : « mordieu, demeurez-là, pestiféré qui venez du lieu où est la peste. Si vous passez plus outre, l’on vous tuera », surement une traduction de « Jinkua jauna » que durent crier ces révoltés bascophones, n’hésitant pas, selon les émissaires royaux, de « jurer et blasphémer le sainct nom de Dieu », ce qui est étonnant quand on sait que l’émeute est dirigée par des curés.  

Ce qui est sur, c’est que le convoi de perception « chassé et repoussé furieusement du village de Gotein dut retourner sur Mauléon » sans avoir rien obtenu, on peut dire que « les bonnets rouges, les gilets jaunes » (comme on dirait aujourd’hui) de Gotein gagnèrent la partie.